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Yves Manginot
Tu te demandes sûrement si t'es le seul à ressentir ce décalage, cette impression de tourner en rond. Spoiler alert : t'es loin d'être seul. Beaucoup de cadres aujourd'hui sont en quête de sens.
Ce malaise, cette frustration silencieuse, c’est un truc partagé par des milliers de personnes.
Mais personne ne l'étale sur LinkedIn, c'est sûr.
Ici, on va parler franchement des problèmes et des besoins que tu ressens, sans apporter de solution directe. De toute façon ce n’est pas si simple. Juste poser les mots sur ce qui te travaille.
Parce qu'avant d'agir, il faut reconnaître ce qui cloche.
La solitude dans le tumulte
Quand on pense à un cadre, on imagine une personne entourée de collègues, de projets en cours, de réunions, de déplacements, de séminaires et de congrès.
Mais derrière l’agitation apparente, il y a une solitude qui s’installe. C’est la solitude du décalage.
Tu vois bien ce que je veux dire : ce moment où tout le monde semble en phase avec les objectifs de l’entreprise, prêt à se battre pour atteindre le prochain trimestre, alors que toi, tu te demandes juste pourquoi tu fais tout ça.
La solitude, elle est là, dans ce silence intérieur, cette déconnexion entre ce que tu vis et ce que tu ressens.
Et puis, il y a cette pression silencieuse. Celle de devoir montrer que tout va bien, que tu maîtrises, que tu gères tout. Parce que t’es cadre, t’es censé avoir réuassi.
Aux yeux de tes proches qui n’ont pas étudié jusqu’au Bac + 5, tu as réussi.
T’es censé être un modèle. Alors, avouer que ça ne va pas, que tu ne trouves plus de sens à ce que tu fais, ça devient impossible.
Impossible de leur dire ; ils ne comprennent pas. Ta mère était fière que tu rentres dans une grande entreprise. En tout cas, la mienne.
Et voilà comment on se retrouve, seul face à ce sentiment de ne plus être aligné avec soi-même, sans personne à qui en parler.
Le manque de sens : ce vide qui te bouffe
T’as fait tout ce qu’il fallait : les études, les efforts, les sacrifices. Et pourtant, te voilà là, assis à ton bureau, à te demander pourquoi t’es là.
Tu es face à la quinzième version de ton tableau Excel. Et toute à l’heure, tu devras recopier des parties de tableaux dans PowerPoint. Evidemment cela ne fonctionne pas complètement. Tu vas devoir passer du temps avec la mise en forme. Pour une énième réunion de présentation des chiffres.
Qu’est-ce que ça t’apporte ? Qu’est-ce que ça apporte aux autres ? Le manque de sens, c’est ça qui te bouffe.
Le sentiment d’être un rouage parmi tant d’autres, de ne plus savoir pourquoi tu te lèves le matin, à part pour toucher ton salaire.
La reconnaissance externe, les titres, les responsabilités, tout ça, ça te faisait vibrer à un moment. Juste après l’embauche, et encore pendant la trentaine.
Mais aujourd’hui, ça sonne creux.
Ce vide, tu le ressens chaque fois que tu termines un projet sans ressentir la moindre fierté.
Chaque fois que tu sors d’une réunion en te demandant pourquoi tu as encore perdu une heure. Il n’y a pas eu de décision, ou si peu.
Le manque de sens, c’est ce qui fait que tu regardes ta vie défiler sans jamais avoir l’impression d’en être vraiment l’auteur.
Et ça, c’est un problème bien plus fréquent qu’on ne le pense. Il y a eu le phénomène de la Grande Démission aux USA, juste après le confinement.
La peur du changement : le frein invisible
Alors oui, tu veux que ça change. Mais il y a un hic : la peur.
La peur de tout perdre, de faire un faux pas, de regretter tes choix. Surtout si tu ne vis pas tout seul.
Cette peur, elle est paralysante.
Mieux vaut peut-être supporter une situation inconfortable mais connue, plutôt que de se lancer dans l'inconnu et risquer l’échec.
Je le sais, parce que je l’ai vécu. Je voyais bien que je voulais changer, mais je n’avais pas d’idée précise. Pire : j’avais trop d'idées.
C’est comme ça qu’on se perd, qu’on se bloque, qu’on reste figé là où on est, en espérant que quelque chose finira par changer tout seul.
Et quand on est hypersensible, c’est encore plus difficile. Tout prend plus d’ampleur, les risques semblent encore plus énormes, et le doute est permanent.
Tu t’interroges sur chaque choix, tu pèses chaque possibilité, et finalement, tu ne bouges jamais.
Parce que bouger, c’est affronter l’incertitude, et ça, c’est terrifiant.
L’authenticité : entre rêve et réalité
On parle beaucoup d’authenticité, de vivre en accord avec ses valeurs, de trouver un équilibre.
Mais c’est quoi, au juste, l'authenticité ?
Pour beaucoup, c’est un mot à la mode, un concept flou.
En réalité, c’est vivre une vie qui correspond vraiment à qui tu es.
Et c’est loin d’être simple quand t’es pris dans un quotidien chargé, des responsabilités, des choix de vie établis depuis longtemps.
Encore moins simple avec une vie de couple, une vie de famille.
Parce que vouloir changer, ça veut aussi dire impacter les autres, remettre en question tout un équilibre.
Le souci, c’est que tant que tu n’es pas aligné avec toi-même, tu traînes cette frustration.
Tu te sens décalé.
Et ce sentiment de décalage, il revient sans cesse.
C’est la sensation que quelque chose ne colle pas, que tu ne vis pas vraiment ta vie, mais celle que les autres attendent de toi.
C’est ça, le vrai manque d’authenticité : ne pas oser vivre pour soi, mais se conformer à ce que les autres attendent.
Il a fallu le confinement pour que ma femme se rende compte de mes réunions interminables, alors qu’elle avait préparé le repas et m’attendait pour déjeuner.
Avant cette période, j’avais beau lui en parler, elle ne mesurait pas la conséquence de décaler la pause déjeuner une fois de plus. D’autant plus que la réunion n’apportait pas forcément de décision et qu’elle débouchait sur une réunion supplémentaire, pour avoir le bon interlocuteur.
Le besoin de reconnaissance : ce poison doux
Tu cherches constamment des signes extérieurs de ta valeur. Un compliment de ton boss, une reconnaissance publique en réunion, une augmentation…
Tu te dis que ça te fera du bien, que ça comblera ce vide. Mais ça ne dure jamais. C’est un besoin insatiable.
Un besoin qui t’amène à en faire toujours plus, à chercher à être parfait, à prouver ta valeur encore et encore.
Et ce cycle, il est épuisant. Parce qu’au fond, la reconnaissance extérieure ne suffira jamais si toi-même, tu ne reconnais pas ta propre valeur.
Moi-même, j’ai ressenti ce manque de reconnaissance comme une injustice. Ça m’a pourri la vie.
Attendre une petite phrase sympa, une petite tape sur l'épaule, plutôt que de devoir attendre le bilan annuel où le chef te balance compliments et reproches dans le même sac.
Ce besoin, il révèle souvent un driver sous-jacent, comme le fameux "Sois parfait" de l’analyse transactionnelle.
C’est un besoin qui vient souvent de loin, de l’enfance. Cette envie d’être validé, accepté, reconnu par les parents, et qui se transpose dans la vie pro.
D’autant plus que le système scolaire prend le relais.
Le sentiment d’injustice : le dernier clou
Quand t’as tout donné, que t’as suivi toutes les règles, que t’as fait tout ce qu’il fallait et que malgré ça, tu te sens toujours vide, il y a un sentiment d’injustice qui émerge.
"Pourquoi moi ? Pourquoi ça ne va pas, alors que j’ai tout fait correctement ?"
Ce sentiment d’injustice, il peut te rendre amer.
Parce que t’as l’impression d’avoir été trompé, d’avoir été poussé sur une voie qui, au final, ne t’apporte rien.
C’est comme si tu avais tout bien fait, mais que la promesse qu’on t’avait vendue n’était pas là au bout du chemin.
À deux reprises, j’ai eu des promesses d’évolution professionnelle pour devenir manager. Les deux fois cela ne s’est pas concrétisé, sans que j’obtienne une vraie explication.
Mettre des mots sur ce qui fait mal
Cet article n’a pas pour but de te donner des solutions. Juste de mettre des mots sur ce que tu ressens.
Parce que parfois, le simple fait de comprendre que tu n’es pas seul, que d’autres ressentent la même chose, c’est déjà un premier pas. Un premier pas vers le changement, vers l’authenticité, vers une vie qui te ressemble vraiment.
La route est longue, mais elle vaut le coup d'être empruntée.
Je suis auteur, créateur d'une app et solopreneur. En tant qu'ancien ingénieur en grande entreprise, j'enseigne désormais l'introspection, la découverte de ton potentiel et la conception d'une vie plus créative.
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